Lettre de Ryushin Koyanagi

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Un microfilm noir et blanc scanné d'une copie dactylographiée d'une lettre non adressée de Ryushin Koyanagi concernant la dépossession de sa propriété.
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5 août 1944

Monsieur,

Je viens de recevoir votre lettre et mon relevé de compte du 27 juillet 1944. Dire que j'ai été choqué c'est le dire avec douceur. Je suis sûr que mes parents âgés seront aussi choqués quand ils apprendront que la terre qu'ils ont achetée pour moi au prix de leur sueur et de leurs larmes a été vendue. Je sais maintenant que mes cousins qui se sont battus et qui sont morts en France pour le Canada pendant la dernière guerre sont morts en vain.

Quand on nous a ordonné d'enregistrer mes propriétés auprès de vous en avril 1942, on m'a assuré qu'elles seraient protégées et bien pris en charge jusqu'à mon retour à la côte. Je vous avais cru, mais maintenant vous avez trahi notre confiance. Vous m'avez informé que les propriétés ont été vendues. Ce que j'aimerais savoir, monsieur, c'est qui vous a donné la permission ou l'autorité de vendre mes propriétés à mon insu. Le propriétaire n'a-t-il pas son mot à dire dans ces transactions? Le prix auquel vous avez vendu ma terre et mon équipement de pêche n'est rien d'autre qu'un vol. Est-ce que le prix des terrains et de l’équipement de pêche s'est tellement déprécié au cours de l'année que vous avez pratiquement dû les donner? J'ai les reçus que j'ai obtenus quand j'ai acheté le terrain et l’équipement de pêche pour montrer que vous m'avez « trompé ».

Vous avez habilement profité de cette guerre pour me déposséder illégalement des propriétés que j’avais, en tant que sujet canadien, acquises légalement.

Le 15 mai et le 14 juin, j’ai vu que vous avez vendu certains de mes articles aux ventes aux enchères. Je voudrais savoir quels articles vous avez vendus et le prix reçu pour chacun.

Je proteste avec véhémence contre les actions que vous avez prises en vendant mes propriétés sans ma connaissance ou consentement préalable. Vous avez fait un geste qui rappelle tellement l'Allemagne nazie. Est-ce la raison pour laquelle le Canada se bat?

En conclusion, monsieur, je ne considérerai jamais mes propriétés vendues, et je n'accepterai jamais leur transfert, alors vous n'avez pas besoin de me facturer des frais juridiques en rapport avec le transfert aux terres destinées aux anciens combattants. À l'heure actuelle, vous m'avez désavantagé. Si ces ventes ne sont pas révoquées, je me réserve le droit d'intenter une action en justice après la guerre. Merci de me fournir les informations que j'ai demandées.

(SIGNÉ) Ryushin KOYANAGI