Hibiki · Échos
Shikataga nai
Après la guerre, les Canadiens japonais travaillent dur pour réintégrer la société canadienne. Ils doivent repartir leurs vies à zéro.
Dispersés dans tout le pays, les Canadiens japonais travaillent dur pour s'assimiler à la société canadienne. Lorsque les restrictions contre eux sont finalement levées en 1949, les Canadiens japonais sont confrontés à un avenir incertain, mais aussi à la possibilité de rêver à nouveau. Nombre de ceux qui ont été déracinés et dépossédés ne parlent jamais de ce qui s'est passé, même pas à leurs enfants. Face au racisme, à l'isolement et à la conscience que les autres les perçoivent comme un ennemi « japonais » vaincu, ils ne baissent pas les bras mais persévèrent.
« Je sais que la Colombie-Britannique te manque, telle la nostalgie d’un amour perdu. »
Renaissance et redressement
Le Canada change avec une nouvelle génération de Canadiens japonais qui atteint la majorité. L'activisme et le pouvoir des mots prennent un nouveau sens au cours du mouvement de Redressement.
Les années 1970 apportent une renaissance culturelle pour les Canadiens japonais. Une nouvelle génération prend connaissance de l'histoire de leur communauté. En 1977, les Canadiens japonais à travers le Canada célèbrent le centenaire de l'arrivée du premier immigrant du Japon. À Vancouver, le premier Festival de la rue Powell a lieu. Avec une fierté renouvelée, les Sansei - la troisième génération de Canadiens japonais - commencent à s'interroger sur l'histoire de leur communauté au Canada.
« La qualité de notre esprit, minasan, est la mesure de notre grandeur. Omedeto, mon peuple, nous n'avons pas failli. »
Non seulement les Canadiens japonais, mais le Canada dans son ensemble est en train de changer. En 1982, le Canada se dote d'une nouvelle constitution, qui comprend la Charte des droits et libertés. Cette charte protège un certain nombre de droits dont les Canadiens japonais étaient privés dans les années 1940.
Une coalition de Canadiens japonais à travers le pays aide à rebâtir leur communauté et leur courage. Ensemble, plusieurs générations s'expriment contre les injustices subies par leurs familles. Le mouvement de Redressement rassemble des personnes de communautés politiques, artistiques, religieuses, marginalisées et des droits de l'homme. Ils utilisent le pouvoir des mots pour demander au gouvernement de reconnaître les injustices commises en temps de guerre.
Héritage et espoir
Le vécu des Canadiens japonais offre la possibilité de parler haut et fort contre l’injustice. La protestation ne peut pas effacer ni défaire les injustices du passé, mais elle peut perdurer.
Les lettres de protestation des Canadiens japonais ne semblaient pas avoir de lecteur dans les années 1940. Cependant, le mouvement de Redressement a déclenché de nouvelles conversations sur cette injustice et d’autres encore. Les lettres de protestation témoignent d'une croyance en la justice et même parfois de l'espoir face à des rêves brisés. La position de principe des Canadiens japonais contre l'injustice nous rappelle comment de simples mots peuvent changer le cours de l'histoire.
Aujourd’hui, des vagues d’immigrants arrivent au Canada de chaque coin du monde. Nous faisons encore face à de nombreuses questions de race, de migration et de sécurité. Nous avons la possibilité de nous exprimer et de nous tenir aux côtés de chaque nouveau faux ennemi.
« Je pense au mot ‘justice’. Trop de personnes de ce monde perçoivent la justice comme une chose : ‘juste nous’. On ne peut pas simplement se regarder et se dire que la justice viendra d’elle-même. Ça n’arrivera jamais. »
L’internement des Canadiens japonais est arrivé il y a des décennies, ce qui peut paraître comme de l’histoire ancienne pour certains. Mais il y a des parallèles modernes. Des murs sont bâtis pour garder « les autres » à l’extérieur, des immigrants aspirants sont détenus, des interdictions de voyager sont adoptées et les gouvernements parlent toujours de déporter des migrants. Les immigrants se sentent rarement la bienvenue, surtout si la couleur de leur peau ou leur religion les fait passer pour « autres ». En cette époque de guerre contre le terrorisme, de nombreux immigrants continuent d’être perçus comme des « ennemis étrangers ».
Que pouvons-nous apprendre de notre passé- pourquoi l’étudier? Quels évènements comparables existent dans le monde moderne? Comment sont traités les immigrants d’aujourd’hui? Le racisme existe-t-il toujours? Une situation comme celle-ci pourrait-elle se reproduire?