Lemon Creek, Colombie-Britannique
Bureau du séquestre
Division japonaise
Takeo Yoshida
40 Gilead
Lemon Creek, C.-B.
12 février 1946
M. P. Douet,
Service d'administration
Bureau du séquestre
Division japonaise
Monsieur, Objet : Dossier 3367 - 3026
J'ai reçu votre lettre du 4 février, et je ne la considère pas comme une réponse satisfaisante à mes demandes dans ma lettre du 28 janvier relativement au n° de catalogue 310, 1672, 2e Ave O., Vancouver, C.-B.
J'ai écrit pour obtenir un permis d'aller à Vancouver afin de régler les affaires de mon père et les miennes, mais d'après la réponse de M. T.B. Pickersgill, votre bureau n'estime pas nécessaire que je me rende à Vancouver. Cependant, maintenant, sachant que vous êtes sur le point de liquider tous nos biens familiaux et notre propriété, j'exige qu'il soit nécessaire que je sois à Vancouver pour prévenir une telle injustice de vendre la propriété de mon père, nos trésors familiaux, nos biens personnels, nos meubles, et plusieurs colis appartenant à des amis et à des parents, sans l'approbation de ses propriétaires légitimes et contre leur volonté. Mon père, qui est un citoyen naturalisé canadien depuis plus de trente-cinq ans avec des fils et des filles nés au Canada qui vivent tous au Canada, proteste vigoureusement contre la vente de ses biens et de sa maison.
J'ai habité à Toronto et ses environs pendant la durée de la guerre et j'ai remarqué que les familles éprouvaient des difficultés en matière de logement et de nécessités, ce qui a constitué un obstacle à la réhabilitation des personnes évacuées et à la réhabilitation des anciens combattants.
Maintenant que la guerre est finie, nous, qui sommes sur le point de réhabiliter avec nos familles des villes fantômes intérieures, avons besoin de ces nécessités de la vie. Ne croyez-vous pas que sans cette vente, ces personnes auraient au moins quelque chose de quoi compter, ce qui faciliterait et permettrait une réhabilitation plus rapide des familles ici dans la vallée de Slocan.
Mon père s’est bien occupé de sa propriété jusqu'à ce jour, sans aucun ennui pour votre bureau et il n’a pas de dette. Il l’a aussi utilisé à bon escient jusqu'à maintenant. Alors, pour quelles raisons devrait-il la vendre maintenant? Après tout, la guerre est finie et il ne devrait pas y avoir une telle injustice. La guerre a été menée pour apporter la paix et la justice à tous dans le monde et pour éliminer les pouvoirs dictatoriaux, alors pourquoi pratiquer des méthodes dictatoriales et injustes ici au Canada. Beaucoup d'amis et de membres de notre minorité se sont joints aux services du Canada pour le droit, la justice et l'équité, car tout ce que la guerre représentait était une cause morte lorsqu'il y avait l’injustice de liquider des possessions et des biens personnels sans l'approbation de ses propriétaires légitimes.
Une telle injustice, je vous demanderai de reconsidérer, jusqu'au moment où je pourrai et je serai en mesure d’en venir à un règlement. Si mon appel à vous de retenir une telle liquidation est sans effet, vous pouvez être assuré qu'elle sera entendue et protestée à toutes les personnes concernées et responsables de l'injustice. Je vais, avec tous mes efforts, faire savoir au public canadien quelle forme d'injustice est pratiquée malgré la véritable forme de gouvernement et de politique que défend la démocratie au Canada. Je reviendrai bientôt à Toronto, et je demanderai également l'aide d'organisations qui croient en la démocratie, la justice, le franc-jeu et l'égalité pour tous.
Veuillez agréer mes salutations distinguées.
(signé) T. Yoshida.